L’année 2015 a débuté de façon tragique, par une attaque meurtrière contre le comité de rédaction du journal Charlie Hebdo, puis contre un magasin casher – par antisémitisme. Vingt personnes sont mortes en quelques jours, dont les trois meurtriers.
Ces événements sanglants surviennent dans un contexte d’aggravation de la violence sociale. La multiplication des attaques racistes n’a d’ailleurs pas tardé (tirs contre des mosquées, tags d’insultes, croix gammées…), prenant prétexte que les trois criminels se revendiquaient de l’islamisme. En réalité, tous ces crimes de haine ont les mêmes racines, sont les mêmes manifestations ignobles de préjugés de rejet, de replis absurdes, de différentes formes d’intolérance qui se renforcent mutuellement. L’islamisme est une des formes de l’extrême droite religieuse, dont on a vu récemment le rôle nuisible par sa lutte contre le mariage pour tous, principalement du fait des courants chrétiens traditionalistes. Nous devons combattre les utilisations politiques de la religion, tout en combattant toutes les discriminations.
Fondamentalement, toutes les extrêmes droites sont nos pires ennemies, à commencer par le FN. Il s’agit de lutter contre elles, tout en prenant le mal à la racine : la société qui permet leur développement. Quelles sont, en effet, les perspectives enthousiasmantes dans la société capitaliste qui génère de l’exclusion, des inégalités grandissantes, de la souffrance sociale ? Pour nous, la perspective est la lutte collective pour changer de société, afin de se libérer tous nous-mêmes des carcans de l’aliénation et de l’exploitation salariale.
Nous devons briser toutes les intolérances, dans leurs manifestations et aussi dans les causes qui les renforcent. Le PS au pouvoir depuis 2012, par sa politique, par les propos de certains de ses dirigeants, a une lourde responsabilité puisqu’il accompagne et valide la droitisation de la société. L’actuel projet de loi Macron va encore dans le sens du recul social, lequel renforce à son tour les replis dans la sociétés : ce cercle vicieux doit impérativement être rompu.
A la suite de ces assassinats atroces, la réponse gouvernementale est l’inverse de celle qu’il faudrait avoir : le soir même des meurtres à Charlie Hebdo, au sein du premier rassemblement place de la République à Paris, des manifestants tenaient des lettres pour dire : « Not afraid », nous n’avons pas peur. Tout au contraire, on tombe actuellement dans la psychose, dans le maintien de Vigipirate au plus haut niveau, etc. Cette policiarisation est à l’opposé de toute réponse politique adaptée.
De même, ce dont on a besoin à l’école après un tel drame, ce n’est pas de minutes de silence mais de discussions avec des enseignants formés pour favoriser l’expression, l’écoute, le débat qui enrichit. Il reste que l’école subit le fait que la société actuelle contredit en pratique les valeurs proclamées : bien des élèves peuvent se rendre facilement compte que le slogan « Liberté, Egalité, Fraternité » n’est pas encore une réalité. Cette contradiction se résoudra par l’action politique collective.
Voir aussi notre communiqué publié après l’attaque de Charlie Hebdo : « Contre toutes les barbaries ».
Au niveau international, les partis (ou coalitions) Syriza en Grèce et Podemos en Espagne semblent incarner actuellement des espoirs d’en finir avec l’austérité. Mais il ne faut pas oublier que, de façon pragmatique, un véritable changement nécessite une large action collective à la base. Syriza a par ailleurs conclu, dès le lendemain de sa victoire, une lamentable alliance avec un petit parti à droite de la droite. Ca commence donc très mal. Au passage, ceux qui, en France, justifient cet accord montrent un dangereux manque de principe ; on voit avec quelle rapidité ils peuvent oublier toute référence, tout critère de classe. Certes, Syriza ne pouvait former seul un gouvernement : cependant, ce n’est absolument pas une raison pour s’allier avec d’authentiques ennemis politiques. Des mesures sociales ont tout de même été annoncées par le nouveau gouvernement. L’évolution de la situation dépendra des luttes sociales en Grèce et en Europe, de la pression mise – ou non – sur les gouvernements par les travailleurs mobilisés. Par exemple, construire un rapport de force pour obtenir l’annulation des dettes publiques se fera d’autant mieux si cette lutte est menée internationalement.
Plus largement, toutes les prétendues « solutions » qui tournent le dos à l’internationalisme ne seraient au mieux que des impasses. Ce ne sont pas des « nations » qui font face à cette crise, ce sont des classes sociales. Pour sortir de l’austérité, travaillons à construire une lutte sociale internationaliste, capable de remettre en cause le cadre capitaliste. Un point de départ pourrait être par exemple la formation de comités anticapitalistes locaux, qui se fédèreraient ensuite par-delà les frontières.