Les manifestations qui se déroulent depuis des mois à Hong Kong sont extrêmement massives : un quart de la population était dans la rue le 16 juin, puis de nouveau le 18 août ! Et elles pourraient aussi prendre une importance mondiale.
Zone rattachée depuis 1997 à la Chine mais avec des lois spéciales, Hong Kong compte plus de 7 millions d’habitants et représente un pôle économique important. Une victoire du mouvement pourrait être une première étape dans une lutte plus large contre la dictature qui domine le pays le plus peuplé du monde : 1 être humain sur 5 vit en Chine.
Dans ce genre de lutte, le point de départ – ici un projet d’amendement à une loi sur l’extradition – peut ou non conserver de l’importance dans l’évolution du mouvement. Il y a au départ pour la population de Hong Kong mobilisée la volonté de conserver son statut particulier, qui lui assure des libertés publiques et de meilleures conditions d’existence que pour le reste de la Chine. Rester uniquement sur cette position défensive est la première option du mouvement : le choix du localisme. L’autre possibilité est l’extension de la lutte contre l’adversaire réel : la dictature dirigée par Xi Jinping, qui est à la tête du parti unique chinois. Ce dernier, terrible ironie, porte le nom de « Parti communiste chinois », alors qu’il est en fait issu du stalinisme et exerce une politique anticommuniste, capitaliste et nationaliste.
L’économie de la Chine reste fondamentalement basée sur le capitalisme d’État, avec depuis longtemps un fort développement des investissements étrangers. En rendant la lutte autonome des travailleurs plus difficile, la dictature du parti unique chinois entraîne une surexploitation des salariés. Pour maintenir cette surexploitation, qui permet aux dirigeants de l’État et des entreprises d’accumuler de grandes richesses, ainsi que pour conserver sa suprématie politique, le parti unique met en place toutes sortes de mesures répressives. C’est bien l’ensemble de ce système qu’il est indispensable de renverser.
Si les travailleurs parvenaient à remplacer cette dictature par une démocratie à la base, ayant pour but l’amélioration des conditions de vie des classes populaires et le changement de mode de production, ce serait un formidable bouleversement pour la lutte des classes partout dans le monde.
La grève générale prévue le 2 septembre prochain à Hong Kong va peut-être s’avérer décisive. Le mouvement va en tout cas être, dans les jours et les semaines qui viennent, confronté au risque de l’écrasement, mais aussi à la possibilité d’une victoire éclatante.
Un choix décisif sera alors à faire entre la simple défense du statut spécial de Hong Kong, ou l’extension de la lutte à tous les travailleurs de Chine, et d’ailleurs.