Karl Marx : la nécessité du communisme contre les forces destructrices

Karl Marx, extrait du Capital, livre I, édition de Maximilien Rubel, dans Œuvres tome I, La Pléiade, 1963, p. 997-999 :

« Avec la prépondérance toujours croissante de la population des villes qu’elle agglomère dans de grands centres, la production capitaliste d’une part accumule la force motrice historique de la société ; d’autre part elle détruit non seulement la santé physique des ouvriers urbains et la vie intellectuelle des travailleurs rustiques, mais trouble encore les échanges organiques entre l’homme et la terre, en rendant de plus en plus difficile la restitution de ses éléments de fertilité, des ingrédients chimiques qui lui sont enlevés et usés sous forme d’aliments, de vêtements, etc. […]

Dans l’agriculture moderne, de même que dans l’industrie des villes, l’accroissement de productivité et le rendement supérieur du travail s’achètent au prix de la destruction et du tarissement de la force de travail. En outre, chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité.

Plus un pays, les États-Unis du nord de l’Amérique, par exemple, se développe sur la base de la grande industrie, plus ce procès de destruction s’accomplit rapidement.

La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du processus de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur. »

Karl Marx, extrait de L’Idéologie allemande, Œuvres tome III, La Pléiade, 1982, p. 1320-1321 :

« Il se révèle que l’épanouissement d’un individu dépend de l’épanouissement de tous ceux avec qui il entretient des contacts directs ou indirects, et qu’il existe un lien entre les différentes générations d’individus qui établissent des relations mutuelles, si bien que les épigones dépendent, dans leur existence matérielle, de leurs prédécesseurs, en reprennent les forces productives et les moyens de commerce accumulés et en subissent l’influence dans leurs propres relations mutuelles. […]

Les individus du temps présent doivent abolir la propriété privée, parce que les forces productives et les formes de commerce se sont déployées à tel point qu’elles sont devenues, sous l’emprise de la propriété privée, des forces destructrices, et parce que l’opposition des classes est portée à son paroxysme. […]

L’abolition de la propriété privée et de la division du travail, c’est l’association des individus sur la base offerte par les forces productives présentes et par le commerce mondial des hommes.

C’est seulement dans la société communiste que l’épanouissement original et libre des individus n’est pas un vain mot, car il dépend des liaisons entre les individus, liaisons qui consistent partie dans les conditions économiques, partie dans la nécessaire solidarité du libre épanouissement de tous, et enfin dans le mode d’activité universel des individus sur la base des forces productives existantes.

Il s’agit donc ici d’individus à un stade défini de l’évolution historique, et nullement d’individus quelconques choisis au hasard, sans même parler de l’indispensable révolution communiste, qui est elle-même une condition commune de leur libre épanouissement. »