Brisons le mode de production capitaliste

Le capitalisme ne peut pas exister sans exploiter et aliéner les travailleurs, ni sans exploiter les ressources naturelles. Le changement climatique, la destruction de l’environnement et de la biodiversité sont donc des conséquences logiques du fonctionnement de ce mode de production, tout comme les inégalités sociales et les morts au travail. Face à ce constat, le choix le plus réaliste est de lutter pour abolir le mode de production capitaliste, et inventer de nouvelles formes d’organisation sociale, respectueuses des êtres humains et de la planète.

En dépit de cette urgence, la situation politique est pourtant en défaveur des courants partisans de l’émancipation sociale. Elle est même extrêmement grave : l’extrême-droite conforte et renforce son poids électoral, dirige ou participe à de nombreux gouvernements. Ses préjugés, ses idées racistes, ses mensonges se répandent dans la société.

Les discours de repli national contaminent beaucoup plus largement les courants politiques. On les retrouve même à « gauche », chez des démagogues qui ne vivent que par leur goût du pouvoir, comme Mélenchon, mais aussi plus largement chez les vendeurs réactionnaires de différentes variantes du retour au protectionnisme. Face à ces impasses dangereuses, il faut rappeler que ni l’exploitation des êtres humains ni le changement climatique ne peuvent être arrêtés par des frontières.

À l’heure actuelle, les courants révolutionnaires échouent à la fois dans les discours vers l’extérieur, en étant principalement dans l’entre-soi, et en interne en étant incapables de débattre rationnellement sur nos stratégies et tactiques de lutte. Ceux qui se disent de gauche, voire même révolutionnaires, et qui (sous prétexte d’antimacronisme et/ou de « giletjaunisme ») vont jusqu’à diffuser des discours ou textes de militants de droite, confusionnistes, complotistes voire d’extrême droite, jouent contre leur camp social.

Macron n’est qu’un des noms des fonctionnaires du capital qui se succèdent tous les 5 ans au poste de monarque républicain. Évidemment, nous devons combattre la politique menée par Macron et son gouvernement, et participer à l’élaboration de luttes communes de masse pour empêcher les contre-réformes. Pour autant, en aucun cas l’antimacronisme ne doit devenir une fin en soi, et surtout pas conduire à se lier à des courants qui se situent encore plus à droite que Macron, et ne sont que d’autres ennemis des travailleurs et de la lutte pour l’émancipation.

On ne peut pas lutter contre le capitalisme sans combattre tous les confusionnismes. La critique rationnelle de la société actuelle est une nécessité incontournable. Se débarrasser des dérives, combattre politiquement les tendances réactionnaires est indispensable.

Mais pour changer réellement la dynamique actuelle de la lutte des classes, il faudra des victoires sociales, qui montreront en pratique l’efficacité de l’auto-organisation.

Il existe un espace politique pour autre chose. Ceux qui l’occupent pour le moment n’amènent pourtant qu’à d’autres impasses. Certains, qu’on appelle souvent faute de mieux les « black blocks », font le choix du spectaculaire formaté pour les chaînes dites « d’information continue » ; mais leur mode d’action ne crée rien, n’avance pas, se reproduit de la même façon d’une fois sur l’autre, et tourne maintenant au folklore d’une routine émeutière insignifiante.

Il y a aujourd’hui nécessité de l’essor d’un vaste mouvement de classe, s’organisant démocratiquement, regroupant largement sur la base de nos intérêts communs de prolétaires, et rejetant fermement les préjugés identitaires et tout complotisme. Une lutte sociale puissante est une création collective : elle nécessite de se baser sur une élaboration à la base, qui par la discussion s’élargit et devient un mouvement de masse.

Nous n’avons pas de recette miracle à offrir, tout simplement parce qu’il n’y en a pas. Il faut, à notre sens, d’abord prendre conscience de la gravité de la situation actuelle. Ensuite, participer à la construction à la base de luttes collectives, à des discussions entre travailleuses, travailleurs, précaires, etc., sur l’état du monde et la nécessité de changer de mode de production. Pour cela, la seule perspective que nous voyons, c’est la lutte sociale internationaliste et auto-organisée.