Pas de lutte contre l’austérité possible sans mouvement social européen

Alors que la crise actuelle montre clairement que les mesures qui frappent les travailleurs, les précaires, les chômeurs et les jeunes sont les conséquences de la même politique d’austérité déclinée dans chaque pays ;

Alors que chaque mois qui passe montre que tous les gouvernements de droite comme de « gauche » font tout pour satisfaire les marchés financiers et la classe capitaliste en pressurant les populations à coups de reculs sociaux, de nouveaux impôts injustes et de baisses des salaires déjà bloqués depuis des années ;

Désormais l’évidence crève les yeux : les gouvernements, les présidents et autres ministres sont tous embrigadés dans une même politique antisociale européenne, et la seule solution crédible est une alliance internationale des travailleurs. Il n’y a pas de possibilité de changement radical, de renversement de tendance, de révolution sociale, ou quelque autre nom qu’on veuille bien lui donner, à l’intérieur des frontières hexagonales.

Une fois cela établi, force est de constater qu’aucune force politique ou syndicale se réclamant des travailleurs ne s’est efforcée depuis le début de cette crise de donner corps à un tel mouvement social européen. Et ce n’est pas cette vraie-fausse « Journée d’action européenne » qui va changer le cours de la gestion strictement nationale des bureaucraties politiques et syndicales en place. C’est tout l’inverse : c’est pour qu’il n’y ait pas de mouvement social autonome, à la base, entre des travailleurs de divers pays ayant discuté les points communs à mettre en avant, c’est pour ainsi dire contre cela que cette journée d’action a été organisée par les directions syndicales.

La preuve ? Qui dans cette mobilisation a été convoqué à une assemblée générale ? Qui a entendu parler concrètement des mobilisations dans les autres pays européens ? Qui a entendu citer par exemple le nom d’un seul syndicat belge francophone, et là pourtant il n’y pas de barrière de langue ? Aucune bureaucratie syndicale n’a même essayé de faire semblant de faire un peu d’agitation ou d’information sur cette journée qui restera une nouvelle occasion manquée.

Nous n’avons pas de recettes toutes prêtes pour un véritable mouvement social européen, mais nous pouvons pointer dans la situation actuelle ce qui ne le rendra pas possible, voire ce qui le rend impossible : l’absence de discussion à la base, entreprise par entreprise, établissement par établissement, autour de thématiques ouvertement internationales, sur les salaires, les systèmes de protection sociale et les services publics.

À l’heure de l’Internet et des traducteurs automatiques, tant que chacun n’aura pas été mis en contact avec des travailleurs d’autres pays d’Europe, tant que l’on continuera d’assister à ces mobilisations télécommandées dont quasiment personne n’a entendu parler, la situation concrète de chacun, dans chaque pays, continuera de s’effondrer doucement.

Les patrons nous exploitent quel que soit leur « pays », la lutte sans frontière des travailleurs est donc indispensable. Construire le mouvement social européen est l’urgence de l’heure.

Ce texte a été diffusé en tract dans la manifestation du 29 février à Paris, qui a rassemblé plus de 10.000 manifestants.