Par les mouvements des « indignés », et maintenant le mouvement « Occupons Wall Street » aux Etats-Unis (depuis mi-septembre), ce qui tente de faire son chemin c’est la création d’un nouvel espace démocratique. Espace au sens physique, par la transformation de vastes lieux urbains en agoras. Mais aussi et surtout, un nouvel espace au sens politique.
Le mouvement réel contre l’ordre capitaliste est peut-être en train de se manifester sous une nouvelle forme, pour le moment de façon incomplète et encore floue et incertaine. Mais tout mouvement spontané, créateur et fécond, passe par une telle phase.

En faisant payer aux masses populaires une crise dont elles sont victimes et en aucun cas responsables, le système capitaliste se montre tel qu’en lui-même : son essence inégalitaire, exploitatrice et instable apparaît au grand jour. C’est face à un mode de production mondial que se mène en fait la lutte : une victoire ne pourra advenir que par un mouvement de révolte mondialisé, par la création internationale d’un espace démocratique anticapitaliste, renversant les institutions actuelles qui ne peuvent sortir du carcan qui a provoqué la crise économique actuelle.
La journée mondiale de manifestations du 15 octobre a été un premier pas dans cette voie, même si elle n’a été massivement suivie qu’en Espagne d’où la proposition était partie. On peut regretter que, pour le moment, les manifestations de ce type en france aient été d’ampleur très réduite. L’échec du puissant mouvement de septembre-novembre 2010 contre la réforme des retraites semble peser lourd.
On peut également émettre l’hypothèse que la proximité des élections réduit le recours à l’action directe : manifestations, occupations, etc. Pourtant, si le souhait de « virer Sarkozy » est légitime et nécessaire, se serait s’illusionner que de croire que François Hollande mènerait une politique économique si différente. L’exemple des sociaux-démocrates1 actuellement au pouvoir en Europe montre bien ce que ferait Hollande s’il était élu.
En se laissant confisquer le débat politique réel, qui est remplacé par un débat de personnes, nous perdrions plusieurs mois pendant lesquels l’action sociale est pourtant indispensable. Attendre mai 2012, ce serait perdre d’avance.