Un livre d’A. Bihr sur les rapports de classes

Alain Bihr, Les Rapports sociaux de classes, Editions Page Deux, 2012, 140 pages, 9,50 euros.

 

Ce livre constitue une initiation à l’analyse théorique des rapports de classes. Alain Bihr explique clairement qu’il s’inspire des analyses de Karl Marx, sans dogmatisme ni exclusive. Il développe les éléments qui fondent l’existence des classes sociales : le travail salarié, le mécanisme de la production de plus-value. Les rapports de classes sont donc principalement « des rapports d’exploitation, de domination et d’aliénation » (p. 17). Rappelant en particulier le constat de la lutte des classes, l’auteur explicite les différentes formes qu’elle prend, le rôle de l’Etat, etc. L’Etat est un produit de la lutte des classes ; cependant il influe également sur celle-ci, par différentes modalités qui sont détaillées par l’auteur (pp. 79-90).

En définitive, les rapports sociaux de production « mettent en jeu l’organisation de l’ensemble des fonctions sociales, de l’ensemble des activités nécessaires à la reproduction matérielle, institutionnelle et symbolique de la société et, en définitive, le pouvoir politique. » (pp. 28-29).

Alain Bihr expose ensuite ce qu’il considère être les projets de société correspondant à chaque classe sociale : le libéralisme pour la classe capitaliste, le corporatisme pour la petite-bourgeoisie, le « social-étatisme »1 pour l’encadrement, et le communisme pour le prolétariat.

Le communisme, qui correspond ici au socialisme au sens réel du terme (c’est-à-dire comme alternative à la société capitaliste), est notamment caractérisé par l’auteur comme « la fin du capital et du travail salarié par la socialisation des moyens de production, la fin des rapports marchands et monétaires ». Il s’agit pour le prolétariat de « transformer les moyens sociaux de production en propriété sociale et de les faire fonctionner, selon des plans concertés et à l’intérieur d’unités de production autogérées, de manière à satisfaire les besoins individuels et collectifs de l’humanité au moindre coût en termes de dépense de travail humain et d’empreinte écologique. » Cette nouvelle société entraînerait la fin des classes sociales, le « véritable sens du communisme » étant « la réalisation de la tendance à la communauté humaine […] sous la forme de la recherche d’un monde où n’existeraient ni propriété, ni frontière, ni Etat, pour séparer les hommes entre eux. » (pp. 119-120)

Cet ouvrage nous rappelle que les rapports de classes sont les rapports sociaux fondamentaux qui structurent la société actuelle. On peut regretter par contre que le style parfois trop universitaire alourdisse la lecture.

Peu de nouveauté donc, mais de très utiles rappels pour comprendre, analyser, et participer à la transformation de la société.

1 Que nous appellerons plutôt capitalisme d’Etat.