Dans cette période de repli, où ici comme ailleurs les paroles et les actes xénophobes, sexistes, racistes et homophobes gagnent chaque jour du terrain, il est important de réaffirmer haut et fort que l’égalité est la base de la démocratie, et que la démocratie est encore à construire. Nous vivons ici dans une société relativement développée, mais où les inégalités sociales, de genre et de « race » restent marquées. Plus on est une femme, plus on est de couleur et plus on a de chances d’être cantonnée à des rôles subalternes, maintenue dans la précarité. La discrimination qui fonde le pouvoir sexiste, raciste et homophobe des petits chefs sur les caissières de supermarché n’est pas qu’une survivance du passé ou le signe d’une arriération que la société va doucement modifier par le dialogue et l’intégration. C’est un état de fait que les classes dominantes utilisent pour diviser ceux qu’elles dominent et exploitent.
Le racisme, le sexisme, l’homophobie et toutes les formes de discrimination servent entre autres à organiser la division des tâches dans le capitalisme, à assurer le pouvoir de groupes minoritaires sur des catégories de personnes parfois majoritaires, comme les femmes, en en faisant des minorités, en leur refusant leurs droits, et en leur assignant des rôles imposés. La lutte pour la démocratie et l’égalité est donc inséparable de la critique en acte de la société capitaliste. Nous pensons que ce système d’exploitation et de domination s’appuie aussi sur le refus du mariage pour tous, et sur celui du droit de vote pour les « étrangers » non-européens aux élections locales. Diviser, distinguer de prétendus privilégiés et des parias parmi les êtres humains est une façon pour ce système d’affirmer la légitimité de son pouvoir. Ce n’est évidemment pas la seule, mais c’est ici et aujourd’hui la forme que prend cette poussée réactionnaire.
Face à ce déni d’égalité, le PS au pouvoir se retrouve le cul entre deux chaises, tiraillé entre la tentation de céder à une droite revigorée qui surfe sur la mobilisation des pires ennemis de la liberté et de l’égalité, et les promesses électorales qui lui ont permis d’accéder au pouvoir pour la première fois depuis dix ans. Nous devons forcer le PS à tenir ces promesses-là, non pas pour ensuite lui décerner un brevet de bonne conduite, mais justement pour apprendre collectivement à ne plus croire une demi-seconde en lui. Nous devons obtenir le mariage pour tous et le vote des « étrangers » parce qu’en nous mobilisant pour les atteindre, en nous réunissant à la base pour discuter des buts et des moyens — et pas seulement en nous rendant à des manifestations encadrées par diverses bureaucraties politiques et syndicales —, nous ferons de la politique à la base, nous lutterons contre le capitalisme, pour l’égalité et la démocratie.
Tract diffusé à la manifestation du 16 décembre à Paris.