Il y a depuis quelques mois une montée dangereuse du racisme et du nationalisme en Europe, et ici particulièrement. Nous sommes dans une période de crise où les inégalités sociales créées par le système capitaliste deviennent de plus en plus criantes. La richesse délirante de quelques-uns s’étale devant les yeux de la majorité qui voit son niveau de vie stagner, voire baisser. Dans cette période de repli, de peur de l’avenir et de tensions, des individus tentent de se raccrocher à de vieilles idéologies identitaires : religions, nationalismes et racismes.
Les déclarations xénophobes contre les Roms, contre les musulmans, mais aussi les rodomontades anti-allemandes, ou l’agitation sur le « Made in France », tous ces discours politiciens sont au fond des parties d’un même ensemble. On nous répète qu’il faudrait se refermer, recréer des frontières, redonner à l’État des outils de contrôle qu’il aurait perdus. Il y a évidemment des différences entre ces discours concurrents, mais la logique est toujours la même : l’étranger, la Chine, les immigrés, les musulmans, ou alors l’Allemagne et les États-Unis seraient responsables de notre triste sort.
Face à ces absurdités, il faut réaffirmer des faits qui semblent moins faciles à rappeler en ces temps sombres : il n’y a pas de solution nationale à la crise. Il n’y en a sans doute jamais eu, mais désormais l’affaire est entendue, la France ne peut pas vivre en autarcie, ni d’un point de vue économique, ni non plus pour des raisons technologiques ou culturelles. La société humaine est internationale. Seule une union mondiale des travailleurs, des chômeurs, des jeunes et de tous ceux qui sont dominés dans ce système d’exploitation et d’oppression pourrait fournir des réponses à la situation présente.
Or, c’est précisément cela que les nationalismes et les racismes rendent impossible. Ils servent à diviser les forces qui, réunies, pourraient s’opposer aux capitalistes et à leurs serviteurs gouvernementaux. Tous ceux qui propagent la haine de l’autre, qui agitent des « solutions nationales », empêchent totalement de voir que c’est au contraire dans l’action collective des salariés, des chômeurs, des jeunes, des femmes, que se trouvent les voies de sortie de cette période déprimante. Les « solutions nationales », les racismes et les extrémismes religieux ont tous en commun de gommer la réalité de l’exploitation des uns par les autres : ils ne voient que des « Français », des « blancs » ou des « croyants », comme si ces « communautés » imaginaires ne contenaient pas de rapports de classes sociales et d’exploitation, comme s’il n’y avait pas des riches qui vivent sur le dos des pauvres, de toutes les couleurs et origines. C’est particulièrement dans une période comme celle que nous vivons qu’il faut plus que jamais analyser le monde avec ses rapports de classes, pour lutter efficacement contre ces idéologies montantes. Les sentiments humanistes et universalistes ne suffiront pas face à l’offensive réactionnaire qui se développe. Dans les mouvements sociaux qui doivent venir, il faudra partir du fait que les « nations » et les « communautés » sont des divisions artificielles qui servent aux riches à monter les pauvres les uns contre les autres, et à les embarquer dans leurs aventures perdues d’avance. L’internationalisme révolutionnaire est plus que jamais la réponse à la barbarie qui menace.