Nous l’écrivions dès l’automne 2012 : Nicolas Sarkozy a gagné l’élection présidentielle1. C’était déjà clair dans les faits, ça l’est maintenant aussi par le discours. Dans l’ensemble cependant, la conférence de presse de François Hollande le 14 janvier n’a pas marqué de véritable tournant, ni d’aveu réel : s’il revendique sa politique économique de droite, il ne l’appelle pas comme ça. On reste donc dans la mystification, et on fonce droit dans le mur de l’austérité.
En d’autres temps, on aurait pu attendre d’un « socialiste » qu’il mène une politique de lutte de classe, mais du côté des travailleurs. L’antisocialiste qu’est Hollande mène bel et bien une politique de lutte de classe, mais du côté des exploiteurs. La suppression des cotisations familiales pour les entreprises c’est, concrètement, un transfert de richesse au bénéfice du patronat – d’un montant de dizaines de milliards d’euros par an ! Déjà, la hausse de la TVA vient d’être appliquée, contrairement à ce que Hollande avait annoncé lors de son élection. Sur ce plan, ce n’est pas un tournant mais purement et simplement une trahison de sa parole (en plus d’être une mesure socialement injuste).
La voie choisie par le PS au pouvoir, d’être ainsi de façon grossière aux ordres du patronat, est extrêmement dangereuse. Essentiellement, elle va avoir – et ça commence déjà – des conséquences sociales désastreuses. D’autre part, cela risque de renforcer le désespoir qui grandit au sein des classes populaires.
La seule solution réaliste aujourd’hui, en France comme partout ailleurs, c’est de recréer de la politique par nous-mêmes, à la base, par des structures démocratiques de débat et de lutte. C’est par cette auto-organisation nouvelle, par la construction de mobilisations décidées collectivement, des manifestations de masse, etc., que l’on peut construire ici et maintenant une opposition de gauche à la politique du gouvernement Hollande.
Nous devons empêcher la casse sociale, en finir avec le repli, stopper les attaques contre les travailleurs, les chômeurs et les jeunes. Et ça n’est possible que par l’action collective autonome.
1 « Le reniement, c’est maintenant ! », tract diffusé en novembre 2012, repris dans Critique Sociale n° 24 (janvier 2013).