Le gouvernement espagnol aux mains du Parti Populaire (PP) veut faire reculer les droits des femmes en supprimant le droit à l’avortement. Ce gouvernement de droite est arrivé au pouvoir en décembre 2011 après l’effondrement électoral du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), suite à l’explosion du chômage. Le PP n’est pas au pouvoir parce que la population espagnole s’est massivement tournée vers lui, en effet il a récolté à peine plus de voix qu’en 2008 où il avait perdu face au PSOE. Si le PP a gagné en 2011 c’est parce que les socialistes ont perdu presque la moitié de leurs électeurs, qui se sont abstenus ou se sont reportés sur d’autres partis. Le PP s’est donc retrouvé aux commandes en pleine crise financière et sociale, et a pris des mesures d’austérité drastiques qui ont brutalement atteint le niveau de vie des travailleurs et des chômeurs.
L’Espagne a vécu de 1939 au milieu des années 1970 sous le franquisme, une dictature militaire appuyée par l’église catholique, qui avait remporté une guerre civile terrible et écrasé la République. Dans ce régime autoritaire qui interdisait les organisations syndicales et politiques des travailleurs et imposait une forme de corporatisme, des partis politiques bourgeois et religieux collaboraient à la gestion de la dictature. Le PP qui forme aujourd’hui le gouvernement est directement issu de l’Action Populaire, un ramassis de partis franquistes qui participaient aux gouvernements dirigés par les militaires. La droite espagnole qui veut porter un coup terrible aux droits des femmes, après avoir commencé de réduire les droits démocratiques à manifester et à s’exprimer librement, vient de la dictature militaire alliée aux évêques rétrogrades, qui interdisait tout avortement. Leur force retrouvée se mesure dans l’étendue de leurs attaques contre les travailleurs, les chômeurs, les jeunes, les immigrés et les femmes.
Plusieurs partis politiques siègent en Europe et parfois participent à des gouvernements voire les dirigent, alors qu’ils sont directement issus de groupes ou de partis créés durant des périodes parfois très récentes de dictature. Mais aucun leader ni aucun parti n’est légitime pour supprimer les droits fondamentaux que sont l’IVG ou la possibilité de manifester. L’austérité actuelle, le fait que tous les gouvernements européens mettent la pression sur leurs populations pour payer la crise, ce n’est pas qu’une question économique. La logique est la même dans le fait d’interdire de manifester ou d’avorter, il s’agit pour ce gouvernement de montrer que c’est sa politique qui sera appliquée, et non celle de la volonté des individus ou des collectifs qui pourraient s’y opposer.
Nous devons affirmer collectivement que ces pouvoirs ne sont pas légitimes s’ils entendent nous faire payer la crise du capitalisme, nous interdire de nous y opposer publiquement, ou nous dicter nos vies. Cette lutte doit être internationaliste parce que ces questions sont internationales. Chaque recul local est un précédent que pourra utiliser un autre gouvernement, et chaque avancée peut servir d’appui dans un autre pays. Le droit à l’IVG fait partie des libertés fondamentales, nous devons donc lutter pour que ce droit soit garanti à toutes les femmes, partout dans le monde.
Manifestation le samedi 1er février 2014, à Paris : 14h place Joffre (métro ligne 8, station « école militaire »)